23 mars 2022
Financé et chapeauté par le Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD), le Projet ATOPOS est un travail collaboratif, qui a mené à la création de ressources pédagogiques pour le cours de philosophie L’être humain. Ces nouvelles ressources, exposant des perspectives philosophiques marginalisées, sont présentées en six modules comprenant chacun un texte, une entrevue vidéo, un diaporama et des questions d’analyse.
Le projet de Sophie et Benoît, réalisé grâce à la collaboration d’une quinzaine de personnes spécialistes et concernées, vise une compréhension de six perspectives philosophiques sur l’être humain : féministes, décoloniales, africana, antispécistes, antiracistes et autochtones. Il permet donc de diffuser et de valoriser les savoirs produits par des groupes minoritaires.
Le Projet ATOPOS est accessible à tous les professeurs et étudiants des cégeps de la province depuis le site Web du CCDMD. En effet, le CCDMD, qui est administré par le Collège de Maisonneuve, est un centre de production de ressources informatisées et de documents imprimés conçus à l’intention du personnel enseignant et des étudiants de l’ensemble du réseau collégial québécois.
« Nombreux collègues et étudiants trouvent de moins en moins justifiable que dans les cours de philosophie soient présentés uniquement des hommes blancs privilégiés. Pourtant, nous sommes assez peu outillés pour enseigner des contenus différents de ceux qu’on nous a transmis dans notre formation universitaire. Sortir des sentiers battus exige plus de travail. Notre projet facilite donc la tâche à ceux qui veulent s’engager dans cette voie », explique Sophie Savard-Laroche.
« En philo 2, on cherche à constituer une vision globale et complète de l’être humain. En introduisant des perspectives marginalisées, nous pouvons mieux comprendre certains thèmes qui étaient laissés de côté par les philosophes que l’on enseigne traditionnellement. À titre d’exemple, la réflexion des féministes sur le travail invisible permet de jeter un éclairage nouveau sur la pensée de Marx. Il y a donc un intérêt disciplinaire à introduire ce genre de savoir », dit Benoît D’Amours.
S’initier à des perspectives philosophiques qui critiquent la tradition occidentale et qui proposent un autre point de vue sur le monde permet de mieux comprendre notre héritage et de voir les possibilités de le dépasser. Par exemple, une idée dominante de cette tradition consiste à concevoir l’être humain comme un sujet extérieur à la nature, tandis que d’autres perspectives, comme les perspectives autochtones et écoféministes, l’appréhendent plutôt comme partie intégrante d’un vaste réseau de relations de réciprocité et d’interdépendance. Devant les enjeux soulevés par la crise écologique actuelle, il semble que de s’inspirer de ces approches est essentiel.
— Sophie Savard-Laroche