8 juillet 2021
Tout récemment, quatre personnes recrutées par l’entreprise Produits forestiers Résolu, située à Clermont, dans la MRC de Charlevoix-Est, ont reçu leur attestation d’études collégiales (AEC) du Cégep de Lévis en Automatisation et instrumentation industrielles. Pierre Pilote, Gabriel Desbiens, Samuel Claveau et William Harvey ont suivi tous les cours de leur formation à distance et totalement en entreprise, c’est-à-dire pendant qu’ils étaient employés par Produits forestiers Résolu. Il s’agit d’une première pour le Cégep de Lévis, qui offre habituellement cette formation en ses murs.
Résolu accueille le résultat du projet avec satisfaction. Des postes vacants depuis au moins quatre ans sont maintenant pourvus et l’entreprise n’a pas abaissé les exigences à l’embauche. Ce sont les aspects techniques de la formation collégiale qui importaient pour l’employeur et non le titre du diplôme collégial. Mélanie Simard, directrice aux ressources humaines chez Résolu, explique : « Le but pour nous, c’était d’aller chercher des connaissances en électricité, en instrumentation et en automatisation. » Aujourd’hui, après une année de formation, les quatre nouveaux diplômés du cégep sont bien intégrés en emploi. De plus, ils viennent de la région et y habitent.
Pour une entreprise comme Résolu, le recrutement de main-d’œuvre spécialisée représente un gros défi. Elle doit généralement faire venir des gens de l’extérieur. Or, Clermont a beaucoup à offrir aux amants de la nature, mais les gens de la ville, habitués à l’abondance de commerces et de services, peuvent avoir de la difficulté à s’adapter. L’éloignement de la famille peut aussi peser lourd dans la balance. « Tu as toujours une petite corde accrochée de l’endroit d’où tu viens », ajoute madame Simard.
« Ça faisait trois ou même quatre ans que les postes étaient affichés. On recevait des candidatures intéressantes sur notre site, mais de gens qui avaient un diplôme d’études secondaires (DES) », précise-t-elle. Ces candidats souhaitaient travailler chez Résolu, mais ils étaient refusés, car ils n’avaient pas de diplôme d’études collégiales (DEC). Pourtant, elle reconnaissait la valeur de ces candidats, qui avaient de bonnes compétences et le bon profil.
Devant cette difficulté à recruter des travailleurs qualifiés, la responsable des ressources humaines s’est mise en mode solution, cherchant une façon d’amener des diplômés du secondaire à répondre aux exigences de son employeur en matière de compétences techniques. Elle a fini par frapper à la porte de la Direction de la formation continue du Cégep de Lévis.
Les personnes recrutées par Produits forestiers Résolu n’auraient donc pas à se déplacer pour suivre leurs cours et comme la formation serait adaptée à l’équipement de l’entreprise, le transfert de connaissances et l’intégration à l’emploi seraient grandement simplifiés. Pour la rétention de la main-d’œuvre, cette solution s’avérait plus que prometteuse, les candidats ayant déjà un sentiment d’appartenance à l’endroit.
Les gens de Résolu ont sélectionné des candidats motivés, des personnes compatibles avec les autres membres de l’équipe et qui acceptaient de retourner à l’école pendant un an. Une équipe du cégep s’est ensuite déplacée à Clermont pour expliquer les étapes de la formation et pour effectuer le processus de reconnaissance des acquis et de compétences.
Chez Résolu, des membres du personnel ont été désignés pour accompagner les quatre étudiants et créer des conditions favorables afin qu’ils obtiennent leur diplôme. Samuel Bouchard, superviseur et diplômé du Cégep de Lévis, Sylvain Leblanc, surintendant, et Claude Lavoie, directeur d’entretien n’ont aucunement hésité à s’investir dans le projet, sachant que l’objectif final en valait la peine. « Quand ça fait trois ans, quatre ans que ton département est à moins trois, moins quatre employés et que tu as tout essayé, que tu annules des vacances parce que tu es mal pris… Ça n’a pas été compliqué », se souvient la directrice aux ressources humaines.
Tout au long de l’année, le canal de communication est resté ouvert entre le cégep et l’usine de Clermont. Les personnes-ressources au sein de l’entreprise ont joué un rôle charnière entre les étudiants et les chargés de cours : Ousmane Ndiaye, Martin Larouche, François Ruelland et Dany Généreux. De son côté, Patricia Raymond, conseillère pédagogique, s’assurait que les cours répondaient aux objectifs et standards du programme. Comme spécialiste de la pédagogie, elle encourageait les chargés de cours à livrer la matière de manière efficiente et créative, souhaitant qu’eux-mêmes vivent une expérience professionnelle enrichissante. « Cela a donné d’excellents résultats », dit-elle.
Des ajustements ont été effectués en cours de route, mais les problèmes majeurs ont été évités. Par exemple, il est arrivé qu’une journée de formation soit reportée pour des besoins opérationnels. « Il n’y a pas un moment où l’on ne s’est pas entendus, dit madame Simard. L’important, c’était de respecter le nombre d’heures, mais on avait de la flexibilité. »
Le projet visait avant tout à outiller les candidats recrutés afin qu’ils acquièrent les compétences spécifiques de la formation collégiale, un savoir-faire essentiel pour effectuer leur travail et sans négliger le volet sécurité. « Les équipements qu’on utilise ici font en sorte qu’on se doit d’avoir tout le bagage nécessaire dans notre sac à dos », précise la directrice.
Les quatre employés qui viennent de recevoir leur AEC ont dû faire des efforts, mais en contrepartie, ils ont obtenu un emploi stimulant, assorti de bonnes conditions de travail et d’un salaire intéressant. Habituellement, la période d’essai dure 75 jours, mais pour ces employés, c’est un peu comme si elle s’était étirée sur un an. « L’intégration se faisait déjà plus facilement parce qu’ils avaient trois jours d’école, et deux jours où ils se promenaient dans l’usine et apprenaient à connaître les gens et les équipements et le travail », souligne-t-elle.
Il a bien aimé l’expérience, avouant que sans cette occasion, il ne serait probablement pas retourné à l’école. « C’est une belle opportunité que Résolu nous a offerte. » L’occasion de décrocher un diplôme collégial tout en étant payé par l’entreprise représentait une occasion difficile à refuser pour lui. Il a trouvé ses cours intéressants et il est aussi content d’avoir pu profiter de l’expérience de retraités pour apprendre le métier.
Gabriel Desbiens, qui est de la région de Charlevoix, s’était déplacé à Saguenay avec sa famille, pour trouver du travail. Résolu l’a ramené dans son coin de pays. « Cette opportunité-là a vraiment été bénéfique pour nous autres », explique-t-il en parlant de lui-même et de ses trois collègues. Il avoue qu’il ne pensait pas retourner à l’école aussi tôt. À son avis, la formation en entreprise est très pertinente parce qu’elle permet de mettre tout de suite en pratique la matière vue pendant les cours. « On s’en souvenait. »
« C’est sûr que je ne serais pas retourné à l’école si je n’avais pas eu cette opportunité-là. » Pour lui, les cours en petits groupes représentaient une formule gagnante. « C’était quasiment un cours privé. » À son avis, le plus gros défi de cette formation totalement à distance était pour lui de garder l’attention pendant plusieurs heures devant un écran. En temps de COVID, cependant, il comprend qu’il aurait été difficile de faire autrement. William Harvey, qui s’était aussi expatrié au Saguenay pour trouver du travail, est bien content d’être de retour parmi les siens et avec un bon travail.
Âgé de 47 ans, Pierre Pilote vivait dans la région. Il avait déjà fait un retour à l’école il y a six ans pour aller chercher son diplôme d’études professionnelles (DEP) en électricité. Au début de la formation collégiale, il n’était pas certain d’aimer les cours et il ressentait aussi un certain stress, craignant que la marche soit trop haute. Les cours de mathématiques, par exemple, étaient loin dans sa mémoire. Cependant, lorsque la formation a commencé, il a compris qu’il pouvait relever le défi. « J’étais rassuré, dans le fond, que j’étais capable de faire cette job-là ». Il s’est beaucoup appliqué dans ses études et il a travaillé fort, mais le résultat en valait la peine, selon lui.
Samuel Bouchard, qui a obtenu un diplôme du Cégep de Lévis en 2008, a agi comme personne-ressource auprès des quatre étudiants tout au long de l’année, répondant à leurs questions et les aidant à consolider leurs apprentissages. La formation en entreprise est selon lui avantageuse. Deux jours par semaine, les étudiants avaient accès à un laboratoire et ils pouvaient expérimenter et « faire le lien entre la théorie et la pratique », dit-il. Ils étaient alors jumelés avec des retraités que l’entreprise engage, des gens qui ont un bon bagage à transmettre. De plus, le superviseur a eu le temps d’apprendre à bien connaître les nouveaux membres de son équipe.
Pour Sylvain Leblanc, cette formation était une bonne solution pour combler un besoin de main-d’œuvre, qui date de plusieurs années. Souvent, les jeunes de l’extérieur prennent de l’expérience, puis ils repartent. « Cette formation-là nous a permis entre autres d’avoir des gens de la région et de les garder », explique-t-il. De plus, les étudiants ont pu donner un coup de main pendant leur formation en étant jumelés avec des gens d’expérience.
Ce projet innovant a été pour moi un défi très intéressant à relever, un coup de cœur professionnel. Les différents acteurs ont su se mobiliser et mettre en commun leurs expertises pour favoriser le bien-être de chacun et la réussite du projet. Le travail de collaboration a permis de trouver des solutions créatives pour que l’enseignement à distance puisse se réaliser dans des conditions optimales, et cela, tout en ayant comme objectif premier le développement des compétences des quatre étudiants en milieu de travail.
Je suis très fière du travail de mon équipe et de ce partenariat avec l’équipe de Produits forestiers Résolu. Ce projet est tout à fait en lien avec nos orientations, soit de rendre disponible l’expertise du Cégep de Lévis afin de permettre aux entreprises de poursuivre leur développement avec des équipes compétentes. Cette formation a de plus permis aux employés d’obtenir un diplôme collégial reconnu. Je salue la confiance de madame Mélanie Simard envers notre établissement. La contribution de son équipe a fait la différence dans le succès de ce projet.
L’usine de Clermont fabrique du papier journal à partir de sous-produits du bois, de copeaux et de retailles provenant de scieries. Si un jour vous tenez un exemplaire du prestigieux New York Times entre vos mains, dites-vous qu’il y a un petit peu de chez nous là-dedans! La production du papier de ce journal représente une portion intéressante de la production de l’usine Résolu de Clermont.